Janvier 2022
Coup de cœur N° 117
2022, année Molière
« La langue française, langue de Molière »
Pour beaucoup, les années 2020 et 2021
resteront de « mauvaises années » malgré les bons vœux que chacun
souhaite à ses parents, ses amis, ses relations …
Alors, comme Voltaire, dans son
Dictionnaire Philosophique, souhaitons que 2022
apporte la preuve de sa citation :
« Une bonne année répare le dommage
des deux mauvaises »
Et s'agissant des restrictions, espérons
que la petite phrase du romancier belge Jacques Sternberg ne devienne pas
d'actualité :
« Un jour, on aura besoin d'un visa
pour passer du 31 décembre au 1er janvier »
- Cette année 2022, le monde de la culture
va célébrer Molière et ses 400 ans (faute de connaître sa date de naissance, c'est celle de son
baptême, le 15 janvier 1622, qui est retenue)
Le magazine GEO, dans un de ses derniers
articles nous explique pourquoi la langue française est devenue la
« langue de Molière » …
« « « « De son
vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, ce dramaturge a laissé derrière lui une
trentaine de comédies en vers et en prose devenues incontournables. L'occasion
de revenir sur l'origine de la fameuse expression "langue de Molière"
pour désigner le français.
Que
le français soit surnommé "langue de Molière" est une reconnaissance
du talent d'un auteur classique parmi les classiques, et agile dans le
maniement de tous les registres.
"C'est depuis le XIXe siècle qu'on dit langue
de Molière. On a inventé une tradition ininterrompue de l'esprit français,
depuis les Gaulois, en passant par Rabelais, jusqu'à lui. Et au XVIIIe s'impose
cette idée, autour de La Fontaine, Boileau, Racine et Molière, d'une génération
de classiques", explique Georges Forestier, professeur de
lettres.
Qu'a
apporté ce génie de la comédie au français tel que nous le connaissons ? "Qu'il touche un public très large, encore
aujourd'hui, fait de Molière un passeur d'une langue qui est partie intégrante
de notre patrimoine", estime Céline Paringaux, agrégée de
lettres.
"Mais s'il est une incarnation de la langue
classique, en réalité la langue de ses pièces est extrêmement riche et s'écarte
volontiers des normes en train de s'établir à son époque. On le voit dans
« Les Femmes savantes » : le personnage qui porte le bon sens est Martine, celle qui écorche le
français du grand grammairien Vaugelas, celle qui fait des fautes partout",
ajoute-t-elle.
Molière
n'a pas eu son pareil pour s'adresser à tous les publics, populaire dans des
tournées partout en France, de Carcassonne
à Grenoble et à Rouen, ou royal à la cour de Versailles. Son français est
compris et fait rire dans toutes les couches de la société. "Il réconcilie la langue des bateleurs avec
celle des aristocrates et bourgeois", souligne Martial
Poirson, qui publie le 21 janvier "Molière, la fabrique d'une gloire nationale" (Seuil).
Une
gloire qui, de plus, va rayonner au-delà des frontières : "Molière a servi très tôt, et de son vivant,
d'outil d'ambassade. Le français va se diffuser dans toutes les cours d'Europe,
jusqu'à celle de Russie. Sur le continent, cette langue de Molière va se
positionner comme celle des classes dominantes, vecteur d'une distinction
sociale", affirme ce professeur de lettres.
L'effet
comique, chez lui, provient aussi de la parodie de certaines manières de
s'exprimer qui complexifient inutilement ou défigurent la langue : pédantisme
et affèterie, charabia, archaïsmes, emprunts étrangers mal maîtrisés... Le
français le plus clair, dès lors, y apparaît en majesté.
"Malgré les siècles qui nous séparent de lui,
il nous paraît contemporain. C'est un bricoleur de génie qui n'a jamais
envisagé de devenir un classique. Il avait le talent pour épingler les snobs,
les ambitieux, les hypocrites... Et nous en connaissons toujours !",
selon Georges Forestier, biographe du plus célèbre des hommes de théâtre
français.
Et
"sa grande invention, c'est
sa capacité à faire parler les personnages selon leur condition. Les gens du
monde, les pédants à l'intérieur des gens du monde, le paysan, le médecin. Avec
des mots, des tons, des accents différents".
Pour
Martial Poirson, "Molière
ignorait son génie : il était en train de l'inventer. Le caractère inoxydable
de sa langue le distingue. Racine est complexe. Corneille peut paraître très
vieillot. Molière reste vivace".
Le
français aurait pu aussi être "la langue de Voltaire", encore plus
proche de la nôtre. Mais, ajoute ce dramaturge, "alors que Voltaire fut un très grand auteur
de théâtre, il n'a pas cette postérité. On retient ses contes. Dans ses pièces
à succès, son ironie mordante a quelque chose de dégradant, et on la supporte
mal".
Chez
Molière, d'après Céline Paringaux, "on trouve aussi bien du familier que du soutenu, de la prose que des
vers, même de l'occitan et du picard dans 'Monsieur de
Pourceaugnac'. La palette est
tellement large que les lecteurs et spectateurs de toutes les époques y ont
trouvé leur bonheur". » » » (source magazine
Géo, janvier 2022)
Voltaire, Rousseau, Hugo, Zola sont au Panthéon ,,, et pourquoi pas Molière, comme beaucoup le souhaitent ?
|
Roland Bérenguier
Pierrevert – Janvier 2022
|