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 LA RUBRIQUE MENSUELLE "COUPS DE CŒUR"

 Du 16 Février au 15 Mars 2011

Coup de coeur


 COUP DE COEUR N° 1 DE ROLAND BERENGUIER


LE COUP DE CŒUR DE ROLAND BERENGUIER

« Demain est un autre jour », titre ce livre qui paraît autobiographique. Il s'agit plutôt d'un récit, le roman d'une vie bien remplie, celle de José Escanez.

Sous forme d'entretiens à bâtons rompus avec l'instigateur qu'a été Victor Bérenguier, mais aussi d'anecdotes retracées, nous comprenons mieux l'engagement pour une vie d'un homme qui est devenu « public »

Né en 1930, José Escanez pourrait jouir d'une retraite bien méritée, et se contenter d'avoir des activités dites du troisième âge. Mais quand, comme lui, on a consacré son travail, ses loisirs au service des autres, de la communauté, on ne peut s'arrêter.
Ce livre nous montre le parcours tumultueux de l'homme qui s'engage, qui défend ses convictions, qui les met en application non sans mal quelquefois, qui sait se faire des amis, mais aussi des ennemis.
La vie publique qu'il a choisie n'est pas de tout repos, mais la volonté est démontrée au fil des pages comme une valeur positive.

Si l'on met à part ses choix syndicalistes, puis politiques, on retiendra de ce récit la personnalité forte de José Escanez, son don d'affirmation, son esprit créatif, sa solidarité, ses qualités d'organisateur, ses visions du futur pour un monde meilleur, mais aussi ses entêtements qui ont porté ses fruits ou qui lui ont été préjudiciables.
Ses qualités, mais aussi ses défauts, découlent sûrement de ce qu'il a su rester : un homme de terrain au contact des jeunes, des salariés de « son » usine, de la population. Serait-ce le football qui lui a donné cette envie de combat et de gagne, et cet esprit d'équipe ?
Le récit montre bien les difficultés rencontrées avec les hommes du sérail, les gens « d'en haut », les « imbus de leur personne »

On peut même deviner ses pensées qui resteront des rêves difficiles à mettre en application.

Victor Bérenguier, qui a invité quelque peu José à ces entretiens, le pousse à se dévoiler, à se confier, mais ce José là reste aussi dans sa « bulle » :

«  Les mains dans les poches, il regarde à travers les vitres de la fenêtre, je ne sais quoi. Son regard que je saisis alors qu'il ne me tourne pas complètement le dos, semble vagabonder dans le lit de la Durance qui à quelques centaines de mètres, à vol d'oiseau, assagie depuis la construction des barrages le long de son tumultueux cours, coule paresseusement, semblant épuisée et privée de son impétuosité par la main de l'homme qui a tout fait pour la dompter et s'emparer de son énergie débordante.
Je n'ose interrompre cet instant de silence. Je sens que soudain il se passe quelque chose dans la pensée, jamais inactive de cet homme. J'attends. Le silence se prolonge. Le fait-il exprès pour me faire réagir et lui poser des questions ? Je suis sur le point de l'interrompre dans ce qui me paraît être pour lui un voyage dans le passé, son passé qui, quoi qu'il advienne, lui colle à la peau et dont il retire une énorme fierté. J'ai bien fait de rester coi.
Il se retourne et sans autre préambule il enchaine, sans doute en suivant le fil de sa propre réflexion intérieure générée par cette rêverie à laquelle il m'a paru se plonger tantôt »
On voit bien par ce passage que jamais ne s'arrête l'activité de José. Même rêveur, ses pensées vont déboucher sur une idée qu'il va essayer de concrétiser pour lui, pour son entourage familial, puis au service d'autrui.

En résumé, ce livre nous fait apparaître José Escanez comme atypique, généreux, sincère, engagé, au service d'actions éducatives, du mieux être au travail, de l'œuvre sociale, de la culture.
Nous apprenons par diverses anecdotes les petites ou grandes histoires qui font la vie d'un battant, le combat face aux difficultés. Il se dégage de ces entretiens une morale « positive » Que ce livre donne simplement « envie » à des plus jeunes de s'engager, d'être actif, et de ne pas se contenter de subir, et là aussi José Escanez aura gagné un combat, celui de la continuité. Les combats pour le meilleur ne s'arrêtent jamais.

Le titre de ce récit autobiographique « Demain est un autre jour » est aussi un appel à l'engagement.
Et si le terme « indignation » est à la mode, celui de « rebelle » sied mieux à José Escanez, mais un rebelle constructif, respectueux et respecté.

Voilà quelques pages faciles à lire car vivantes, réelles, anecdotiques, pleines de bon sens.

Roland Bérenguier
Riez 25 janvier 2011





Réalisation Alain Escobar