Septembre 2021
Coup de
Coeur n°113
San Francisco, la « Green Attitude »
Au cœur de la Californie, celle
dont le premier nom fut Yerba Buena (bonne herbe) mérite bien sa réputation de
ville verte. Multiculturelle, branchée et écolo, elle révèle sa personnalité
dans le cadre naturel exceptionnel qui a forgé son caractère.
Un site internet « Ça
parle ECO » résume très bien la politique écolo de cette ville, dans
un article paru en juin 2021.
« « Depuis
plusieurs années, la ville qu’on surnomme Frisco a un objectif clair :
être un lieu qui incarne le « zero waste » (zéro gâchis). À travers
le but désormais atteint en 2020 de recycler 100 % des déchets, elle est à
ce jour, la première ville zéro déchet au monde.
San Francisco, est une ville
composée de plus de 880.000 habitants, qui s’est lancé un défi en 2002 : «
objectif zéro déchet ». Pour atteindre ce but, la ville a procédé par étapes.
En 2010, un point d’étape a été fixé à 75 % et en 2020 à 100 %. Selon Jared
Blumenfeld, ancien directeur du département de l’environnement de San Francisco
et actuel directeur régional de l’Agence de protection environnementale (EPA),
« la Californie s’était déjà fixé un objectif de 50 % de recyclage d’ici à
2010. Mais nous voulions aller plus loin. Nous nous sommes mis d’accord sur
l’objectif ambitieux du zéro déchet puis sur une date à la fois assez lointaine
pour nous donner les moyens de l’atteindre, mais aussi assez proche pour que
tout le monde se sente aussitôt concerné. »
Différentes mesures pour un seul but :
Depuis le vote historique du
conseil municipal en 2002, et surtout depuis 2009, début du recyclage
obligatoire dans la ville, le « magic three » (le triptyque des trois
poubelles, noire, bleue et verte) s’est, à San Francisco, mué en fait de
société. Cette initiative a en effet eu un impact sur les San Franciscains. Les
sacs plastiques ont été interdits dans les supermarchés, remplacés par des sacs
en papier (payants). Mais surtout, il est obligatoire, depuis 2009, de recycler
et composter tous ses déchets. Chaque habitation a ainsi trois poubelles : une
verte pour le compostage, une bleue pour le recyclage et une noire pour le
reste des déchets (l’intraitable). Aujourd’hui la ville recycle ses déchets grâce
à ces trois poubelles. Attention aux personnes qui se trompent de poubelle, car
ils recevront une amende qui peut aller de 100 à 1 000 dollars (73 à 730
euros). Pour promouvoir les comportements écologiques, la ville mise aussi sur
des mesures incitatives. Par exemple, les habitants bénéficient d’une remise
sur leur redevance d'enlèvement des ordures s’ils réduisent leur quantité de
déchets non-recyclables.
En 2010, l’effort paye. La
ville atteint son objectif de 75 % de son « objectif zéro déchet », elle le
dépasse même, avec 77 % de recyclage. Aujourd’hui, avec 100 % de ses détritus
recyclés, San Francisco est en train de prouver au monde que la lutte contre le
gaspillage et les émissions de CO2 est possible.
Recycler pour l’avenir avec Recology :
La cité californienne mise
sur le recyclage, et non plus sur l’incinération. C’est pourquoi, elle a
atteint en 2020 son objectif. Elle n’utilise plus de décharges ou
d’incinérateurs qui sont très polluants. C’est à Vacaville, à une heure de San
Francisco que Recology, la coopérative qui récolte les déchets de la ville,
s’est dotée du plus gros centre de tri de la planète : le Pier 96. Près de 600
tonnes de déchets organiques sont récupérées chaque jour et envoyées au centre
de Vacaville, où est produit un compost très convoité par les agriculteurs.
Robert Reed, le directeur de la communication de la coopérative, explique que «
1000 délégations, venant de 100 pays différents » sont venues visiter le centre
de tri de Recology. Le directeur pense pouvoir « sauver la planète avec ce plan
». Ce dernier espère faire de San Francisco un modèle : « j’aimerais tellement
que toutes les villes s’inspirent de San Francisco. Ici, c’est l’avenir ! »
Cette politique a également
un impact économique : « Recycler crée dix fois plus d’emplois que
l’enfouissement ou l’incinération » estime le porte-parole de Recology. Le
recyclage avec le Pier 96 a ainsi créé 178 emplois, rémunérés entre 40.000 et
80.000 dollars par an, tous réservés aux habitants des quartiers défavorisés
proches. Le recyclage à Frisco crée de la valeur et du travail. Les initiatives
de la municipalité sont donc applaudies dans les sondages. Il faut comprendre
également, qu’un système « zéro déchet » coûte moins cher à la collectivité. La
collecte des déchets peut être sensiblement moins chère en adaptant le
ramassage. Mais c’est surtout le traitement qui coûte beaucoup moins cher
contrairement aux dispositifs comme les incinérateurs, qui reste encore
aujourd’hui un moyen très courant en France. Cela permet donc de créer des
emplois locaux pour trier les déchets, car les techniques de tri automatique ne
permettent pas un tri total de qualité. Ce système rapporte également de
l'argent, par la revente des matériaux recyclés et du compost. Cette politique
est donc à la fois, meilleure pour les citoyens et surtout pour
l’environnement, car les décharges produisent du méthane et les incinérateurs
des gaz très toxiques.
San Francisco est devenue un
modèle de ville verte. Si aux États-Unis moins de 50 % des déchets sont recyclés,
la ville californienne est en train d’instaurer un système durable. Elle ne
compte pas s’arrêter là. Désormais cette dernière vise un nouvel objectif aussi
ambitieux que le précédent : « atteindre 100 % d’énergie renouvelable en 2030.
» »
Quelle est la ville française
ou la collectivité locale qui a l'ambition de relever un tel défi et le
réaliser en 10 à 15 ans ?
Roland Bérenguier
Pierrevert – Septembre 2021
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