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COUP DE CŒUR N° 65 DE ROLAND BERENGUIER
Coup de coeurROLAND BERENGUIER

16 FEVRIER 2017

Les gorges de Trévans et les charbonniers

Les gorges de Trévans constituent une randonnée magnifique non loin de la vallée de l'Asse. Il faut se rendre à Estoublon, et juste avant de traverser la rivière Estoublaisse, repérer et prendre la D607 en direction des gorges de Trévans, il y a d'ailleurs un panneau indicateur.

De nombreux sites internet et prospectus décrivent cette randonnée. Certains décrivent cette balade moins sportive que les gorges du Verdon, mais plus intimiste, et l'on y rencontre toutes les saveurs de la Provence.

La meilleure période pour cette excursion est sûrement le printemps pour la flore que l'on y rencontre; on commence tout d'abord au fond de ces gorges avant de traverser une superbe réserve biologique, refuge de choix pour les chamois, les aigles royaux et bien d'autres espèces.

Une randonnée qui demande entre 4 h et 7 h suivant l'itinéraire emprunté et sa condition physique.

Hormis les ruines du château de Trévans, on sera émerveillé par les paysages, les vues changeantes les différentes essences d'arbres, le site de Valbonnette ...

Lors de cette randonnée, on rencontrera des ruines de maisons habitées au 19ème et début du 20ème siècles par ceux qu'on appelaient « les charbonniers ».

Et c'est un article paru dans « Le journal de la vieille France » en 1995 qui décrit ces fameux « charbonniers » :

« « « Au début du XXème siècle, un peu partout en France, on fabriquait du charbon par la combustion du bois. La présente évocation est localisée dans les Alpes du Sud, qui correspondent à peu près aux Alpes-de-Haute-Provence et au nord-ouest de la Drôme. Certaines communes, pour se procurer quelques finances, vendaient des coupes de bois. L'exploitation en était très difficile. S'y attaquaient des équipes de bûcherons-charbonniers, spécialisés dans ce type de travail, généralement des Italiens qui venaient du Piémont proche. Ils arrivaient par familles entières pour offrir leur force de travail. Cette région, dans le val de Durance, avait déjà accueilli des Piémontais pour participer à la construction de la voie ferrée qui va de Marseille à Briançon dans les années 1860. Les haches s'abattaient sur les arbres pour les transformer en bûches d'environ 1,10 m. Un endroit plat à travers un relief souvent escarpé, à l'abri du vent quand c'était possible, était recherché pour préparer une plate-forme de 15 m de diamètre environ. Quand la coupe était suffisante, les femmes et les enfants étaient mobilisés et les bûches étaient transportées jusqu'à la plate-forme.

Quand un espace approximatif de 10 m2 était occupé, on passait au deuxième étage en procédant de la même façon, mais en rétrécissant l'édifice de manière à terminer la charbonnière en forme de dôme. La pyramide était ensuite recouverte d'un mélange de feuilles et de terre mouillée sur une épaisseur de 30 cm pour servir d'isolant. A côté, on réalisait un brasier pour extirper les braises et les jeter au fond de la charbonnière afin de l'allumer et d'entretenir la processus de la combustion. Celle-ci était surveillée toutes les deux heures et durait de dix à quinze jours. A ce stade de surveillance ininterrompue, la famille prenait toute son importance. De petites bûches posées à plat et croisées les unes sur les autres permettaient ensuite de façonner une cheminée de 80 cm de côté. Autour de la cheminée, les bûches de 1,10 m étaient installées, légèrement inclinées. Dans le but de favoriser la combustion de la "meule", des trous faits à sa base laissaient passer l'air. Lorsque la fumée variait du blanc au bleu, on bouchait ces trous pour en percer d'autres un peu plus haut jusqu'au sommet, et ce, jusqu'à l'effondrement de l'édifice qui marquait la fin de la cuisson. Il fallait ensuite laisser refroidir cette meule, la dépecer de son charbon, peser celui-ci et enfin le descendre vers la vallée. Cette descente, des lieux forestiers au point de livraison, était parfois dangereuse lorsqu'elle était effectuée à l'aide de traîneaux chargés de plusieurs quintaux de charbon : les schlittes... qu'il fallait ensuite remonter pour d'autres voyages. Ce travail était dur et harassant, mobilisant jours et nuits la capacité de travail de toute une famille. Le repos se prenait sur place dans un inconfort évident, souvent une cabane de bois, ou même de feuillage et de terre : un revêtement identique à celui de la meule. Ainsi les Piémontais furent-ils les derniers à effectuer ce travail dans ces conditions ! » » »

Les gorges de Trévans

Les gorges de Trévans



Le dernier habitant de Trévans est parti en 1968. La commune (rattachée à Estoublon en 1973) a compté jusqu'à 160 habitants en 1860.


 
Roland Bérenguier - Pierrevert – FEVRIER 2017 - roland.maison@orange.fr







Réalisation Alain Escobar