Coup de Cœur N° 137
Depuis quelques jours, en Espagne et
notamment en Catalogne, un mouvement prend de l'ampleur.
Voici comment débute un article récent
du quotidien espagnol El Periódico de Catalunya :
« La mèche a été allumée en
Catalogne, et, en un temps record, toute l’Espagne a vu proliférer les groupes
de familles qui se sont joints au défi complexe de rompre la loi non écrite −
mais suivie à la lettre − visant à fournir un téléphone portable personnel,
avec accès à Internet, aux garçons et aux filles lorsqu’ils entrent en 1ᵒ de ESO (l’équivalent de la cinquième) ou même avant…"
(…) Au fil des échanges, les parents se disent inquiets face à “la croissance
préoccupante de l’utilisation sans contrôle des réseaux sociaux, d’Internet et
des jeux vidéo chez les mineurs…” (…) Tous espèrent “inverser la pression
sociale” qui pousse l’adolescent à avoir un téléphone portable dès son entrée
dans l’enseignement secondaire…" (…) "Des manifestations sont
également envisagées, de même que l’élaboration d’une initiative législative
populaire afin de saisir le Congrès des députés, à Madrid. »
Ce mouvement spontané, baptisé «
Adolescence sans mobile » par la presse, est né dans des discussions entre
parents d’élèves à Barcelone sur les messageries WhatsApp et Telegram !!!
Il s’est répandu « comme une
traînée de poudre » au-delà des frontières catalanes, entraînant
dans son sillage des milliers de familles dans la plupart des régions
autonomes.
Au fil des échanges, les parents se
disent inquiets face à « la croissance préoccupante de l’utilisation sans
contrôle des réseaux sociaux, d’Internet et des jeux vidéo chez les mineurs
», observe le quotidien El Mundo.
Le site altermidi (en
collaboration avec la revue Courrier International) résume ce mouvement
ainsi :
« 85,7 % des Espagnols
possèdent un téléphone portable dès l’âge de 13 ans. Et d’après une étude
de l’Université ouverte de Catalogne, citée par El Periódico, près de 40 %
des 12-18 ans en utilisent un « de manière continue dans leur vie quotidienne
».
En France 95 % des jeunes entre 15 et
17 ans possèdent un téléphone portable. En moyenne, les jeunes ont leur premier
téléphone portable à 11 ans et demi. De nombreux facteurs peuvent expliquer ce
besoin de consulter son téléphone portable. Pour l’ado’ qui veut avoir les
mêmes choses que ses camarades, c’est un outil d’intégration sociale. Il lui
sert à entretenir des relations avec eux.
Le téléphone portable offre des
services attrayants et facilement accessibles. Il est comme un doudou
réconfortant qui met en contact avec des gens que l’ado’ apprécie, qui lui
permet de regarder les photos qu’il a prises, d’appeler ses amis, de regarder
des vidéos, de réagir aux publications de ses proches… Sans faire d’effort, il
a une source de plaisir immédiat à portée de main.
Alors, faut-il interdire les mobiles
aux adolescents ? Et sinon, existe-t-il « un juste milieu entre
l’interdiction et la carte blanche », comme se le demande le journal El País? « Ce n’est pas moi qui critiquerai cette initiative
[“Adolescence sans mobile”], répond le journaliste d’El País,
Adrián Cordellat. Il m’a toujours semblé aberrant que le smartphone soit devenu le cadeau
star des garçons et des filles âgés de 8 à 10 ans. Et, dans la mesure du
possible, j’essaierai de retarder le plus possible […] l’arrivée du premier
smartphone dans les mains de mes enfants. »
Néanmoins, puisque « nous sommes une
génération bien mieux préparée que celle de nos parents à relever le défi
qu’impliquent les smartphones et les réseaux sociaux », nous sommes
plus capables d’« expliquer à nos enfants les potentialités et les risques de la
technologie », estime ce père de famille.
Face à cette « pression »
parentale, le conseil scolaire de Catalogne, un organisme rattaché au
gouvernement autonome régional, organisera « un débat extraordinaire » à ce
sujet le 16 novembre, signale El Mundo.
Des manifestations sont également envisagées,
de même que l’élaboration d’une initiative législative populaire afin de saisir
le Congrès des députés, à Madrid.
Actuellement, seulement trois régions autonomes (Madrid, Castille-La Manche et
Galice) interdisent le téléphone portable dans les établissements scolaires,
conclut le journal.
À noter que des relations
parents-enfant réduites, avec peu d’échanges, favorisent la dépendance. Sans
oublier qu’en matière d’éducation, ce qui marche quand même le mieux, c’est de
montrer l’exemple et être cohérent. Si on dit pas de téléphone à table, c’est
pour tout le monde… »
En Chine également, des dispositions
sont prises envers les adolescents : Le gouvernement chinois met en place
des mesures très fortes, parmi les plus strictes au monde. Cet été,
l’administration chinoise du cyberespace a présenté un projet qui risque de
vraiment changer la vie des jeunes chinois, avec une première mesure radicale :
le blocage des téléphones portables pour les mineurs de 22h à 6h du matin.
Impossible donc de se connecter la nuit, en cachette dans son lit. Et ce n’est
pas tout : en fonction de l’âge, la durée quotidienne de connexion sera limitée
à 40 minutes pour les moins de 8 ans, une heure maximum pour les 8-16 ans et 2
heures pour les 16-18 ans. Ces contraintes seront mises en œuvre grâce à un
mode mineur que les parents pourront activer sur le téléphone. On ne sait pas
encore si les fabricants vont se voir imposer cette nouvelle fonction. En tout
cas, une fois le service lancé, l’enfant se retrouvera dans un univers
totalement contraint. Seuls les parents pourront désactiver le mode mineur,
grâce à un code secret ou bien une empreinte digitale. À noter que certains
services seront totalement exclus par ces restrictions, les appels d’urgence,
mais aussi les applications éducatives que les jeunes chinois pourront
consulter sans limite.
Un tel mouvement peut-il se propager
en France et en Europe ?
Ou bien ce ne sera qu'un épi-phénomène
sans lendemain !
Lors
des 5èmes Rencontres Prévention Santé organisées le 10 mars 2022, sous le haut
patronage du Ministère des Solidarités et de la Santé, sur la thématique de la
prévention de l’usage excessif des écrans, la Fondation d’entreprise Ramsay
Santé a dévoilé les résultats des trois questions posées via le média JAM
auprès d’une communauté de jeunes de 15 à 25 ans. Ceux-ci ont été interrogés
sur leur rapport aux écrans et sur les troubles associés.
Parmi les principaux enseignements de cette enquête :
•
Les
jeunes âgés entre 15 et 25 ans déclarent avoir une relation nocive, voire
toxique, avec leur téléphone portable : 38% se déclarent addicts et 34%
décrivent leur relation comme négative (soit un total de 72% d’avis critiques).
•
Les
femmes sont plus concernées par l’addiction que les hommes. Parmi les sondés
qui se déclarent addicts, 43% sont des femmes contre 29% d’hommes.
•
Près
d’un tiers des jeunes (31%) reconnaissent que les écrans perturbent leur sommeil
et pour 17% des sondés, le téléphone met à mal leurs interactions sociales.
•
Et
pourtant plus d’1 jeune sur 2 (51%) déclare que le principal atout de leur
téléphone est de créer ou d’entretenir le lien social.
•
Seuls
17% trouvent que le téléphone est une opportunité pour s’informer ou se
cultiver (un chiffre qui s’élève toutefois à 43 % en région
Ile-De-France).
Aujourd’hui, 80% des parents se disent inquiets du temps passé par les
adolescents devant les écrans. En effet, les jeunes en ont un usage intense et
quotidien : streaming, réseaux sociaux, achats en ligne, communications,
jeux-vidéos, etc. C’est pourquoi, la Fondation d’entreprise Ramsay Santé,
investie dans les démarches de prévention santé notamment auprès des jeunes, a
voulu, dans le cadre de ses 5èmes Rencontres
Prévention Santé, comprendre l’évolution de l’usage des écrans et ses
conséquences sur la santé mentale et physique des adolescents, pour présenter
des actions originales à impact sur les territoires et les réseaux sociaux.