MARS 2023
Coup de Cœur N° 130
Des tomates sans eau,
ni pesticides
De nombreux articles
et reportages ont paru concernant un paysan autodidacte :
Pascal Poot.
Dans l'Hérault,
Pascal Poot a développé une méthode agricole qui lui permet aujourd'hui de
cultiver et de sélectionner quelques 400 variétés de tomates bio sans arrosage,
ni utilisation de produits phytosanitaires. Celui que certains ont pris
« pour un fou » inspire aujourd’hui les plus grands chercheurs.
Un article du journal
« La Croix », paru en septembre 2019, résume bien le parcours de cet
agriculteur hors norme …
On pourrait intituler
cet article : « La vengeance des semences anciennes » :
« Pascal Poot,
fondateur du Conservatoire de la tomate, croit aux capacités d’adaptation et de
résistance des plantes, et à leur faculté de transmettre ces capacités à leur
descendance. Dans l’Hérault, il cultive, sans eau ni traitement, un jardin
luxuriant de tomates anciennes.
Debout, face à une
petite parcelle foisonnante, parsemée de feuillage et de centaines de tomates,
Pascal gratte, d’un coup de chaussure, les cailloux dans le sol. « Ici, nous avons semé en juin. Et nous n’avons jamais arrosé », annonce-t‑il. La
terre est sèche et rocailleuse, les tomates sont rouges et bien dodues. Sur les
hauteurs de Lodève, dans le petit village d’Olmet-et-Villecun dans l’Hérault,
la pluie est rare. Pourtant, en poussant le portail en bois du Conservatoire de
la tomate, un vaste jardin bucolique semé de légumes charnus fait rêver les
jardiniers, intrigue les scientifiques et attire les curieux du monde. Bonnet
de laine sur la tête, cheveux longs et barbichette, le maître des lieux, Pascal
Poot, 57 ans, préférerait être tranquille. « Je ne suis bien que dans mon jardin, seul, mais bon… C’est important
de transmettre »,
glisse-t‑il dans un généreux et chaleureux sourire.
Il y a trente ans, ce
jardin luxuriant n’était qu’une terre désertique. « Ce terrain ? Personne n’en voulait ! Ici, la terre atteint péniblement
35 centimètres de profondeur aux meilleurs endroits. Il n’y a pas le moindre
filet d’eau. Le sol est composé majoritairement de roches et de cailloux. » Agriculteur dans le
sang, jardinier dès ses premiers pas, Pascal Poot, qui a pu acquérir ce lopin à
27 ans avec ses petits moyens, a fait confiance à son intuition et à son
expérience, acquise très tôt : âgé de 4 ans, alors qu’il n’avait pas encore
franchi la porte de l’école, il savait déjà jardiner et récoltait ses propres
semences. « J’ai appris seul », résume-t-il.
Une question le guide
: « Les mauvaises herbes, dont on n’arrive jamais à se débarrasser, sont
en fait les légumes du Moyen Âge. Je me suis demandé comment ces plantes, qui
poussent toutes seules, ont pu devenir aussi résistantes. Pourquoi les légumes
d’aujourd’hui ne pourraient-ils pas développer la même résistance ? » Sur son sol ingrat,
il s’accroche à son hypothèse. Il nourrit la terre de compost, plante ses
légumes, puis il ne s’en préoccupe plus. « J’ai un principe : je ne me
mêle pas de la vie privée des plantes. Elles se débrouillent », lâche-t‑il. Alors que la majorité des
agriculteurs arrosent leurs plantes quand elles ont soif, donnent des
traitements lorsqu’elles sont malades, Pascal les laisse livrées à leur sort. « Elles doivent apprendre », explique-t‑il, tel un père de famille.
« La mémoire
génétique existe »
« Tout ce qu’une plante apprend au cours de sa vie,
elle le transmet à ses graines, démontre-t‑il. Il y a vingt ans, les généticiens ne me croyaient pas
alors que je le constatais sur mes terres. Aujourd’hui, c’est désormais prouvé
scientifiquement. La mémoire génétique existe.» Face au mildiou, les
plantes se parent. Face au gel, elles se protègent. De génération en
génération, les semences accumulent et développent des capacités d’adaptation
et de résistance. Et jour après jour, l’hypothèse de Pascal se vérifie, tordant
le cou aux principes économiques des multinationales. « Il est inutile de créer des variétés hybrides pour
qu’elles aient des gènes de résistance. Les plantes savent résister seules. Il
suffit qu’elles apprennent », constate l’agriculteur comme une
lapalissade.
Depuis 2014, la femme
de Pascal, Rachel, s’est lancée dans la construction d’un site Internet et dans
la commercialisation des fameuses graines par correspondance. Seule issue
possible pour rendre la ferme viable. « Cet argent nous permet d’avoir du matériel, d’acquérir des terrains
et d’embaucher,
précise Rachel, pragmatique. Nous
avons aussi des bénévoles qui viennent nous aider. » Si la démarche de
Pascal n’avait d’autre ambition que de nourrir sa famille, il reconnaît être « conscient que (ses) semences sont nécessaires et le seront de plus en
plus au regard de l’avenir de la Terre, de la raréfaction de l’eau et du
phosphore ».
En 2019, la demande
dépasse largement la capacité de la petite ferme. Des clients du bout du monde
font à leur tour leurs expériences et les scientifiques déambulent
régulièrement dans les jardins. Pascal sourit d’avoir gagné son pari, qu’il
transmet au quotidien à ses quatre filles. L’aînée, 12 ans, sait reconnaître
les variétés de tomates d’un coup d’œil et elle cultive son propre jardin « plus fertile que celui de son père », dévoile-t-il
fièrement. Chez les Poot, toutes les graines sont fructueuses … »
À l'heure de la
sécheresse, du manque d'eau, est-ce LA SOLUTION ? Moins de rendement, mais
aussi moins d'eau utilisée, fini les pesticides … et des tomates et autres
légumes qui ont du goût.
Roland Bérenguier
Pierrevert – Mars 2023
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