COUP DE CŒUR DE ROLAND BERENGUIER
Coup de coeur ROLAND BERENGUIER

JUILLET 2022

Coup de cœur N° 123

Vous avez dit vacances

 

Cette année 2022, l'été est arrivé très tôt, au mois de mai avec des températures, comme disent les spécialistes de la météo : « au-dessus de la normale » !  Et dès que la chaleur est là, que les jours rallongent, que l'école se termine avec ses lots d'examens, à quoi pensent les enfants, les salariés et aussi les retraités ?

Réponse par un seul mot : Vacances !

 

Mais, au fait, connaissons-nous l'histoire des vacances ? On pense à 1936 et au front populaire qui va généraliser le droit aux vacances.

 

Tout d'abord, un peu d'histoire :

 

- Dans l'antiquité, les aristocrates romains avaient leur résidence secondaire à la campagne ou au bord de la mer et s'octroyaient des vacances (sénateurs, riches commerçants, patriciens...) 

Les riches Romains s'offraient des vacances en fuyant la Ville éternelle durant les périodes chaudes de l'été : juillet et août.

À l'image de leurs empereurs, tel Hadrien qui se fit construire une splendide villa à Tibur (Tivoli), les Romains voulaient échapper à la malaria et aux maladies propagées par les moustiques dans la région marécageuse du Latium. On sait ce qu'il en coûta à ceux qui choisirent pour villégiature la tranquille station de Pompéi, dans le golfe de Naples, en l'an 79...

 

- Le Moyen Âge ne pratique pas les vacances au sens de farniente (de l'italien : ne rien faire). Il connaît de nombreuses journées de repos ; mais c'est pour la bonne cause, à savoir : " prier et se recueillir ".

Les rabbins juifs prescrivent le repos hebdomadaire du sabbat (le samedi) afin que l'homme évite de tomber dans l'esclavage du travail. Les clercs de l'Église recommandent à chacun de s'abstenir de tout travail dans la mesure du possible le jour du Seigneur (du latin « dies Dominicus », qui a donné dimanche). Tradition païenne à l'origine récupérer par l'église au Vème siècle.

L'Église multiplie par ailleurs les journées chômées sous tous les prétextes : fête du saint votif (le saint patron de la paroisse) et autres fêtes religieuses, de sorte que l'année en vient à compter davantage de jours chômés que de jours ouvrés...

Au Moyen Âge, il existait déjà en Europe de l'Ouest des « vacances » qui correspondaient à la période des moissons en été où les universités fermaient pour permettre à tous d'aller travailler aux champs.

Mais les vraies grandes vacances n'avaient lieu que l'hiver lorsque la terre se reposait, les hommes en faisait de même.

 

- Aux cours des siècles, la France de la Renaissance et des temps modernes, jusqu'au XIXème siècle est un pays rural. Les paysans vivent en liaison les saisons, la nature, la météo. La longue période de l'hiver correspond à « des vacances forcées », à un chômage de fait, alors que juin, juillet, août, septembre sont les mois de travail intensifs avec les moissons, les vendanges, les récoltes etc. D'ailleurs les enfants verront leur rythme de vie calqué sur celui de leurs parents avec des vacances d'été longues pour aider à la ferme et aux champs et reprise de l'école fin septembre après les vendanges.

L'aristocratie qui vit à Paris à la cour du Roi soleil de Louis XVI à Louis XVI a des origines provinciales et conserve dans sa province un château de famille, des terres, des fermes, des moulins, des forêts qu'elle loue aux paysans ... Et l'été venant, beaucoup de ces nobles et petite noblesse rejoignent leurs terres de Bretagne du Périgord, de Bourgogne, d’Auvergne pour s'y détendre, éviter les grosses chaleurs de la capitale, collecter leurs impôts et faire le point avec leurs métayers et intendants.

- Ces "résidences secondaires" ou "châteaux de familles » vont perdurer et prendre une ampleur au cours des siècles futurs. On se retire « sur ses terres" l'été quand les affaires de l'état connaissent une pause.

- La bourgeoisie au cours du XIX -ème siècle : hommes d'affaires, commerçants, industriels, ingénieurs, petits artisans, vont suivre cette mode, et l'été vont emmener leur famille au vert, à la campagne non loin de la ville où ils travaillent. Pour cela ils vont acheter des maisons ou en louer.

Ainsi on voit les villages de campagne limitrophes des villes qui s'étaient vidés pendant toute l'année, connaître une nouvelle vie et leur population doubler, tripler, en juillet et en août.

Par la suite l'exode rural va pousser les enfants des campagnes de conditions modeste à quitter leur "pays" pour venir travailler dans les villes bassins miniers et industriels sans pour autant oublier leurs racines.

Ils retourneront les vacances venues dans leur village, leur maison familiale et cela tout au cours du XXème siècle.

 

 Et le tourisme se maria avec les vacances : 

 

- A la Renaissance, les lettrés proposent des vacances « touristiques ou culturelles ». Ils se rendent à Rome et en Italie, à la recherche des splendeurs de l'Antiquité. Il est de bon ton pour les élites de se rendre au pays des arts, du bel canto, de la peinture, de la sculpture pour découvrir les merveilles des artistes italiens Léonard de Vinci, Raphael, El Greco, Michel Ange. Longtemps en France, la langue étudiée dans les lycées, les universités demeurera (en plus du latin, du grec), l'italien !

 

-Au XIXème siècle, le tourisme thermal va voir le jour en Europe d'abord en Angleterre où on « prend les eaux » à Bath station thermale balnéaire à la mode où le « tout Londres » y va uniquement pour se faire voir. Architecture de style géorgien, inspirée par les Romains qui avaient déjà développé les thermes de cette ville, les bâtiments sont remarquables. La bonne société s'y promène, se rend au théâtre et va surtout, jouer. Elle lance ainsi une mode qui perdurera jusqu'au début du XXe siècle : celle des villes d'eaux. En France Eugénie impératrice lancera la mode des bains et des thermes : Biarritz sera la ville thermale par excellence ...

Le concept des vacances est lié à l'apparition des civilisations urbaines, contrairement au monde agricole qui, à cause du climat, ne dicte pas un rythme de travail continu tout au long de l'année.

Au XIXème siècle, les vacances se répandent dans toute l'aristocratie et la bourgeoisie d'Europe occidentale. Elles correspondaient donc à la période où les classes supérieures de la société quittaient leurs demeures principales (elles les laissaient vacantes) pour rejoindre des résidences secondaires, profiter de la nature (le romantisme est à son apogée) ou des bienfaits du climat marin ou montagnard pour la santé.

Les Britanniques dont l'économie était la plus florissante au monde, ont été les premiers à se tourner vers les stations balnéaires, d'abord sur leurs côtes, puis de l'autre côté de la Manche (à Dinard, Deauville, etc.) puis enfin dans le sud de la France, sur la Côte d'Azur, la Promenade des Anglais à Nice doit son nom aux nombreuses résidences où les Britanniques venaient passer les mois d'hiver), mais également à Biarritz. ′′

 

- Après l'exode rural dans toute la France, au cours du XIXème et du XXème siècles, les campagnes se vident de leurs habitants. Ces derniers affluent des campagnes pour travailler en ville, là où se trouvent les emplois.

À partir de la fin des années 1940, avec l'apparition des congés d'été, les vacances deviennent un moment où l'on bouge, où l'on voyage. Avec l'essor de la publicité, les vacances deviennent incontournables bien qu'elles restent inaccessibles à environ un foyer sur trois en 2009 en France. Quelques dates importantes en France : 1936 : les premiers congés payés de deux semaines, introduits par le gouvernement du Front Populaire, puis 1956 : 3e semaine de congés payés), 1969 et 1981 : 4e et 5e semaines, respectivement.

L'essor de l'automobile, de la caravane et du camping-car, a également été un moyen de partir plus facilement en vacances.

 

- Les travailleurs ont généralement droit à des vacances dont la durée varie suivant les pays et la situation de chacun, élève, étudiant ou salarié.

À Hong Kong, Singapour ou Taïwan, les vacances sont de sept jours par an. En ce qui concerne l'Amérique du Nord cela peut varier entre 14 et 21 jours. En France, le nombre théorique de jours de congés payés annuels est de 25 (cinq semaines). En 2008, c'est légèrement moins que la moyenne de l'Union européenne (25,2 jours). La durée des congés payés varie entre 14 (Malte) et 30 jours (Espagne) en Europe.

Les « grandes vacances » séparent une année scolaire de l'autre. Elles se déroulent la plupart du temps soit en juillet–août dans l’hémisphère nord, et en décembre–janvier dans l'hémisphère sud.

 « Les grandes vacances » des jeunes liées aux activités agricoles de la France du XIXe siècle et de la première partie du XXe siècle sont devenues « les vacances d’été de tous » liées aux congés payés et aux activités touristiques depuis la seconde moitié du XXe siècle et en ce début du XXIe siècle. Cette évolution s’accompagne de fracture sociale au sein de la population … On passe ses vacances dans des villages vacances des comités d'entreprise, dans les colonies de vacances pour enfants et adolescents, dans les centres aérés, au camping, en croisière, en circuits à l'étranger, sur des plages au bout du monde, dans des clubs animés, ou chez papy mamie, ou la résidence secondaire … et pour les oubliés, environ un tiers des français, chez soi, dans la cité, dans le quartier, dans son village …

Et pourtant, tous les psys le diront : il faut se déconnecter au moins quelques jours dans l’année pour repartir en meilleure forme mentale et psychologique.

 

(Source : site Dix Vins Blog)

 

Terminons par quelques citations sur les vacances :

« Être en vacances, c'est n'avoir rien à faire et avoir toute la journée pour le faire » (de Robert Orben. écrivain américain)

« La révolution, c'est les vacances de la vie » (André Malraux)

« Si l'on passait l'année entière en vacances, s'amuser serait aussi épuisant que travailler. » (William Shakespeare)

« Le farniente est une merveilleuse occupation. Dommage qu'il faille y renoncer pendant les vacances, l'essentiel étant alors de faire quelque chose » (Pierre Daninos)

 

Roland Bérenguier

Pierrevert – Juillet 2022





Réalisation Alain Escobar