octobre 2020
Coup
de cœur N° 103
Du
plastique au diesel … direct …
Chaque
année, plus de 8 millions de tonnes de déchets en plastique sont
rejetées dans les océans. Ils menacent l’écosystème et sont
directement responsables de la mort d’environ 100.000 mammifères
marins par an.
Un
acteur bien connu, Samuel Le Bihan, au fait des problèmes
environnementaux co-fonde la société Earthwake (Réveiller la
Terre).
Earthwake
a été créé par Samuel le Bihan et François Danel. Leur parcours
dans l’humanitaire et leur constat des ravages de la pollution
plastique sur terre et dans les océans les ont poussés à mettre en
place des actions concrètes afin de stopper cette hémorragie avant
qu’elle n’atteigne les océans.
Ils
se sont tournés vers le recyclage chimique et la pyrolyse, un
système de combustion sans oxygène qui permet la revalorisation des
déchets plastiques non recyclables en source d’énergie. Donner
une valeur à ce déchet, aujourd’hui inerte, incitera à sa
collecte.
Via
l’association Earthwake, il soutient financièrement le
développement d’une invention baptisée Chrysalis, fabriquée dans
un hangar du haut-pays niçois à Puget-Théniers (Alpes-Maritimes)
par Christofer Costes, un chercheur autodidacte âgé de 35 ans.
Voici
comment François Danel, administrateur de l’association Earthwake
résume cette
aventure :
« Plastique,
souviens-toi que tu es pétrole et que tu retourneras au pétrole
! Ainsi pourrait-on écrire la genèse de Chrysalis, cette
machine capable de transformer des déchets
plastiques
en carburant. Insérée dans le réacteur du robot d’acier, la
matière est chauffée à plus de 400°C. Ce procédé, appelé
pyrolyse, permet de casser les molécules du plastique pour le faire
revenir à son état d’origine: du pétrole. Beaucoup de
pétrole.
Avec
1 kg de plastique, Chrysalis produit séparément 650 g de
diesel, 180 g d'essence, 100 g de gaz et 7 g de résidu. On peut y
mettre des sacs plastiques, des bouchons de bouteille, des bassines,
des flacons de détergent ou de shampoing… Bref, tout ce qui est en
polyéthylène et en polypropylène.»
Jusqu’à
60kg de plastique par fournée
Chrysalis
avait suscité un fort intérêt. Grâce aux financements de
collectivités, d’entreprises ou encore l’aide d’écoles
d’ingénieurs, la machine inventée par Christopher Coste,
présentée au public en septembre 2018 à Antibes
a bien changé depuis. «La nouvelle version est trois
fois plus grosse et surtout, sa capacité de traitement est bien plus
importante, assure François Danel. On peut aujourd’hui mettre
jusqu’à 60 kg de plastique par fournée, contre 1 ou 2 kg avec le
précédent prototype.»
Le
procédé complet dure environ une heure trente et plusieurs
pyrolyses peuvent être réalisées à la suite. «En prenant en
compte le temps de nettoyage, on peut transformer jusqu’à 200 kg
de déchets par jour.»
Donner de
la valeur aux déchets plastique
L’objectif
du projet est de répondre à un défi écologique: traiter les
déchets plastiques sur terre afin qu’ils ne finissent pas dans les
océans. Selon une étude publiée dans la revue Science en
2015, 8
millions de tonnes de déchets plastiques
ont été déversées en 2010 dans les océans. L’association
Earthwake, qui vise à soutenir les innovations valorisant les
déchets plastiques dans les pays émergents, voit en Chrysalis une
solution concrète pour encourager la collecte de ce type d’ordures.
«En donnant de la valeur aux déchets plastique, les gens ne les
jetteront plus, mais les vendront à des micro-entrepreneurs
qui, eux, gagneront de l’argent en produisant leur carburant»,
expose François Danel.
Conçue
pour être vendue à des particuliers ou des collectivités,
Chrysalis peut être placée n’importe où avec sa taille et son
fonctionnement. «Elle marche sans électricité. Ce sont les 10% de
gaz qu’elle produit pendant la pyrolyse qui alimentent la chaleur
et lui permette de générer sa propre énergie», explique le membre
de l’association. Par ailleurs, sa conception en matériaux simples
et costauds, mais aussi sa technologie low-tech permettent de
l’entretenir facilement et de la réparer sur place. Earthwake
espère pouvoir commercialiser Chrysalis autour de 50.000 € et
estime ce coût amortissable en deux à trois ans.
«On
souhaite en fabriquer une dizaine au cours de l’année 2020. Vu le
nombre d’entrepreneurs et de collectivités du monde entier qui me
contactent chaque jour par mail afin d’acquérir cette machine, on
est presque sûrs de toutes les vendre», se réjouit François
Danel.
Née
dans un garage du sud de la France, Chrysalis pourrait donc très
prochainement transformer les déchets plastique aux quatre
coins de la planète.
Chrysalis
est une solution de transition concrète d’économie
circulaire au fléau des déchets plastiques, grâce à une
technologie de dépollution innovante, créatrice d’énergie, de
valeur et d’emploi.
- Roland Bérenguier
- Pierrevert – Octobre 2020
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