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COUP DE CŒUR N° 66 DE ROLAND BERENGUIER
Coup de coeurROLAND BERENGUIER

16 MARS 2017

Coup de cœur N° 66 de Roland Bérenguier

Procrastinez vous ?



Nous procrastinons tous plus ou moins. Et à ce sujet, je me souviens d'un article paru en 2016 sur un magazine féminin, le Magfemmes, non interdit aussi aux hommes.

Cet article résumait assez bien ce que le dictionnaire Larousse définit comme :

« Tendance pathologique à différer, à remettre l'action au lendemain. »



La Journée mondiale de la procrastination, le 25 mars, est une occasion de se mettre en mode "pause" et de réfléchir à notre monde moderne et au rythme de vie effréné qu'il nous impose.

Procrastination, kesako ?

Comme Monsieur Jourdain, le personnage de Molière, qui, dans le Bourgeois gentilhomme, s'exprimait en prose depuis plus de quarante ans sans le savoir, nous procrastinons tous depuis la plus tendre enfance, sans savoir ce que cela signifie. Levons le doute sans plus attendre : procrastiner, c'est tout simplement remettre à demain une action que l'on pourrait faire le jour même. Tout le contraire de ce que nous recommande le fameux proverbe : "ne remets pas à demain ce que tu peux faire aujourd'hui". Certains auteurs ont d'ailleurs pris un malin plaisir à détourner ce proverbe, comme Alphonse Allais ("Ne remets pas à demain ce que tu peux faire après-demain") ou Maurice Roche ("À quoi bon remettre à demain ce qu'on peut faire avec ses pieds") ou encore un anonyme bien inspiré : "Pourquoi faire aujourd'hui ce qu'un autre peut faire demain à ta place ?".

La procrastination, une vilaine habitude ?

On considère généralement la procrastination comme une très mauvaise habitude. Il est vrai que remettre toujours à plus tard des actions nécessaires bien que peu motivantes, comme par exemple d'aller chez le dentiste, de faire ses comptes ou encore de nettoyer sa maison, cela peut devenir maladif et poser de sérieux problèmes. Cependant, pour la plupart des gens le fait de procrastiner un peu, de temps en temps, est sans incidence sur le cours normal des choses. Cela leur permet même de gagner en qualité de vie. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il existe un nombre considérable de problèmes qui se règlent seuls lorsqu'on ne s'en occupe pas. Avez-vous remarqué par exemple que beaucoup de gens, et tout particulièrement les enfants, viennent solliciter votre aide avant même d'avoir essayé de régler leur problème par eux-mêmes ? En les laissant patienter un peu (pas trop longtemps quand même !), vous leur donnez l'occasion de découvrir comment se débrouiller seuls. Pendant ce temps, au lieu de vous épuiser inutilement, vous avez rechargé vos batteries pour les projets qui vous tiennent vraiment à coeur.

D'autre part, le fait de retarder une action a souvent une incidence minime. Pourquoi faudrait-il se laisser envahir par la culpabilité sous prétexte, par exemple, que l'on a laissé la poussière s'accumuler durant la semaine ? Cela ne nous donnera pas tellement plus de travail la semaine suivante lorsque nous ferons le ménage. Nous y gagnerons, en outre, l'agréable sensation d'avoir une bonne raison de retrousser ses manches.
Il arrive parfois même que le fait d'avoir pris du retard nous donne accès à des opportunités intéressantes. Des réservations de dernière minute qui finalement seront moins chères, des idées de rechange qui s'avèrent plus sympathiques que celles auxquelles on a renoncé faute de s'y être pris à temps...

Procrastination et paresse ?

Procrastiner pour tout et de façon habituelle peut s'apparenter à de la paresse. Pourtant, ceux qui procrastinent volontiers sont plutôt des personnes actives, souvent efficaces, généralement perfectionnistes. En réalité, lorsqu'on procrastine, ce n'est pas pour ne rien faire mais plutôt pour éviter de voir la réalité en face : la tâche que l'on reporte sans arrêt nous semble trop difficile, peu gratifiante. On craint de ne pas y arriver, on n'en attend aucune gloire. Plutôt que de l'aborder de front, on se trouve alors des quantités d'autres choses à faire, qui vont ainsi nous fournir la justification du report. C'est ainsi que le procrastinateur, bien qu'ayant reporté à demain la tâche prioritaire du jour, aura certainement accompli à la place un grand nombre de travaux divers et variés. Ce comportement peut s'avérer payant pour une grande majorité de personnes : dans le stress et l'urgence, ils finiront au dernier moment par réaliser la corvée tant redoutée, mais ils auront, en attendant, réalisé un grand nombre d'autres tâches utiles et initié des projets motivants.

Attention cependant, lorsque la procrastination atteint un niveau critique, le stress final et la culpabilité ressentis peuvent s'avérer négatifs. Voici une petite astuce à mettre en pratique dans ce cas : penser non pas à la tâche dans son ensemble, mais aux petits points qui la feront avancer au fur et à mesure et s'autoriser à produire un travail imparfait, quitte à revenir dessus plus tard. De cette façon, on retrouve une motivation pour se mettre à l'ouvrage.

Que faire le 25 mars ?

Le 25 mars, célébrez cette journée en reportant à demain tout ce qui vous embête ! Ça vous embêtera toujours autant demain, mais au moins le 25 mars aura été une belle journée. A l'inverse, ne remettez surtout pas au 26 mars le fait de vous détendre, de vous amuser, de dire à ceux que vous aimez que vous les aimez !


 
Roland Bérenguier - Pierrevert – MARS 2017 - roland.maison@orange.fr







Réalisation Alain Escobar