16 Décembre 2016
Origines
de nos croyances, fêtes et superstitions
En
relisant un numéro de Sciences et Avenir de décembre 2012, et à
l'heure de déployer tous les ingrédients propices à attirer
le Père Noël, il est bon de se rappeler quelques origines de mots
que l'on emploie souvent en ce mois de fin d'année.
LES CADEAUX. Les cadeaux sont une promesse
d’abondance dont on retrouve la trace dans l’Antiquité. Les
Romains en échangeaient lors des Sigillae, au dernier jour des
Saturnales, accompagnés de vœux. Si les premiers chrétiens
critiquent la dimension païenne et superstitieuse de cet usage,
l’Église se garde tout de même de l’interdire. L’usage
d’offrir des jouets au lieu d’aliments ne se développe qu’au
19e siècle, avec l’essor de la bourgeoisie. Ce geste
ancestral n’est pas sans rappeler, selon l’historienne Nadine
Cretin, une forme du "gaspillage cérémoniel" lié
à toute fête.
LE SAPIN. Au 3e siècle, en Afrique romaine
notamment, il était d’usage d’allumer des lampes et de disposer
du laurier dans les maisons au moment du solstice. La coutume,
considérée comme issue d’une tradition païenne liée au culte
des arbres et à la conjuration de l’hiver, fut condamnée par les
Pères de l’Église. Toutefois, des couronnes de verdure
continuèrent à décorer certaines demeures jusqu’au Moyen Age. À
cette époque, le conifère décoré de pommes rouges figure l’arbre
du paradis.
La tradition du sapin, semble, quant à elle, originaire
d’Allemagne : "En 1419, la confrérie des garçons
boulangers de la ville de Fribourg avait dressé dans la salle de
réunion de l’hôpital du Saint-Esprit un grand arbre de Noël,
écrit Martyne Perrot. On avait le droit de secouer cet arbre garni
de sucreries, et les pauvres pouvaient ramasser fruits et
friandises." En France, c’est d’abord en Alsace
que le sapin apparaît. "En 1521, à Sélestat, un édit
municipal autorise les gardes forestiers à laisser les habitants
couper de petits sapins pour les fêtes de Noël. Strasbourg
bénéficie d’une décision identique en 1539."
Longtemps, le clergé français – qui ne jure que par la crèche
– regarde d’un mauvais œil ce sapin venu des terres
protestantes. Sapin qui finit tout de même par s’inviter à la
cour du roi Louis-Philippe en 1837. "Mais il faudra attendre
encore quelques décennies pour que la coutume se popularise à
l’ouest des Vosges !"
LA BÛCHE. Jusqu’au siècle dernier, à la
veille de Noël, une bûche était placée dans l’âtre. Pièce de
chêne ou d’arbre fruitier – selon qu’il s’agissait de
s’attirer robustesse ou fertilité –, elle devait se
consumer lentement. Ce feu domestique du solstice d’hiver
rappelle celui de la Saint-Jean, six mois plus tôt. On retrouve
également cette union du feu et du bois dans les Saturnales romaines
et le "feu nouveau" des Celtes. Tous ces rituels ont une
vocation propitiatoire ou divinatoire. En outre, le feu de l’âtre
permettait de condamner l’unique lien vers l’extérieur d’une
demeure aux portes et fenêtres closes. Passage par lequel les
mauvais esprits pouvaient s’infiltrer.
Cet usage de la bûche a inspiré un dessert à l’origine
controversée. On la dit inventée à Paris en 1879, mais on lui
prête aussi des origines lyonnaises. Elle parvient à s’imposer en
quelques décennies dans tout l’Hexagone, aux dépens de
spécialités régionales.
Bonnes fêtes de fin d'année et comme il est dit en Provence :
« A l’an qué ven, si sian
pas maï que sian pas men »
« À
l’ année prochaine, que si nous ne sommes pas plus, nous ne soyons
pas moins ! »
(Se
dit le 31 décembre à minuit)
Roland Bérenguier - Pierrevert – Décembre 2016 - roland.maison@orange.fr
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